Du 8 octobre au 13 novembre 2005, à la Maison de la culture Côte-des-Neiges, deux expositions étaient offertes côte-à-côte. La première, Collages Hannah Höch (1889-1978), était une initiative de Louise Bédard Danse en marge de la série de représentations de Ce qu’il en reste, présentée à l’Usine, C du 25 au 30 octobre 2005. La seconde, intitulée Savants, monstres et voyageurs… Collages et amalgames contemporains. était une initiative de Luce Botella, agente culturelle à la Maison de la culture Côte-des-Neiges, et de la commissaire Lucie Bureau.

Ce qu’il en reste, œuvre de danse créée en 2005, fut inspirée par la surprenante Hannah Höch. Tout en travaillant à l’élaboration du spectacle, la compagnie s’est associée à l’Institut für Auslandsbeziehungen (IFA) et au Goethe Institut Montréal pour faire venir d’Allemagne l’exposition exclusive des 31 œuvres d’Hannah Höch. En complément de cet événement exceptionnel, et à l’instigation de cette même maison de la culture, la commissaire Lucie Bureau a réuni des œuvres de six artistes d’ici (Paul Lussier, Paul Lowry, Michele Peress, Suzanne Blouin, Guy Mercier et Louise Bédard) pour monter Savants, monstres et voyageurs… Collages et autres amalgames contemporain. Cette seconde exposition, présentée dans la même salle, dans une section attenante, offrait aux visiteurs un pendant contemporain à l’univers des collages d’Hannah Höch.

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Collages Hannah Höch 1889-1978

Notes de la commissaire Lucie Bureau (rédigées en 2005)

Les 31 tableaux collages réunis dans cette exposition sont mis en circulation par l’Institut für Auslandsbeziehungen (IFA) de Stuttgart. Cette sélection nous permet d’entrevoir une infime partie d’un ensemble imposant de collages que l’artiste a réalisés sur plus de quatre décennies. Hannah Höch a dessiné, peint et fabriqué des objets mais c’est surtout le collage qui a parcouru son œuvre. Témoin d’une époque agitée, Hannah Höch considérait que son rôle d’artiste était d’enregistrer les événements et de les transmettre picturalement. Elle a créé à sa manière de véritables annuaires visuels analogues à la confusion sociale et politique qui a précédé et suivi les deux guerres mondiales en Europe. L’actualité des œuvres est explicite par l’usage de documents dont les origines peuvent être retracées dans les journaux et les magazines de l’époque. L’agencement des extraits de ces documents visuels ordonne la composition soit vers le commentaire social et politique soit vers l’expérimentation formelle. Les œuvres composées au moyen d’extraits de magazines, de prospectus, de photos originales et de papier couleur proposent, sous un apparent désordre, un regard lucide et efficace de son temps. Si les historiens d’art ont d’abord retenu la période dada de son œuvre, il n’empêche que sa production artistique, surtout les collages, s’est échelonnée jusqu’aux années 1970. Il convient donc d’aborder l’ensemble de son œuvre avec souplesse pour saisir toute la cohérence interne qui parcourt ce corpus imposant de tableaux collages.